Contexte et positionnement

Contexte conjoncturel mondial

Taux d’intérêt à leur zénith et pas de récession en vue

En 2023, les acteurs du marché et les analystes étaient sur la même longueur d’onde, comme rarement auparavant : il fallait s’attendre à un premier semestre difficile en raison de la forte remontée des taux d’intérêt, suivi d’une reprise en seconde partie d’année. Il n’en a rien été. Dans la zone euro, mais surtout aux États-Unis, le moteur économique a tourné jusqu’à l’été. Confrontées au niveau élevé de l’inflation, les banques centrales ont été contraintes de relever le loyer de l’argent. Ce tour de vis monétaire a déployé ses effets au cours du second semestre.

Trois évènements majeurs ont provoqué quelques convulsions sur les marchés l’an dernier. En mars, le secteur financier a été secoué par plusieurs faillites bancaires aux États-Unis et par le rachat de Credit Suisse par UBS. Une crise financière a pu néanmoins être évitée. Malgré la tourmente, les banques centrales ont maintenu une politique monétaire stricte. En octobre, la situation géopolitique s’est encore dégradée, du fait du conflit entre l’Ukraine et la Russie, et de la guerre dans la bande de Gaza. Un évènement est venu rasséréner les marchés à partir de juin : l’euphorie autour des possibilités ouvertes par l’intelligence artificielle. Les bourses ont alors repris leur marche en avant. Le secteur technologique américain en particulier (mesuré par l’indice NASDAQ en dollars américains) a progressé de 40 % par rapport à 2022.

Les taux élevés ont fait refluer l’inflation globale et l’inflation sous-jacente, même si la seconde, qui exclut les prix de l’alimentation et de l’énergie, réputés volatils, s’est accrochée. Cette dernière a même dépassé l’inflation globale à partir du milieu de l’année. Aux États-Unis et dans la zone euro, l’inflation n’a pas encore atteint la cible de 2 % par an environ, définie comme niveau de stabilité des prix.

En 2023, les prévisions de taux d’intérêt ont joué au yo-yo. Alors qu’au début de l’année, les spéculations allaient bon train sur le nombre et sur l’ampleur des hausses supplémentaires de taux, les analystes ont parié ensuite sur des baisses de taux. La Réserve fédérale américaine (Fed) a augmenté ses taux directeurs d’un point de pourcentage en quatre étapes, à 5,5 %. La Banque centrale européenne (BCE) a dû intervenir plus drastiquement, en remontant les siens de deux points de pourcentage en six étapes, à 4 % (taux de dépôt). Aucun resserrement n’a été effectué par la suite, de sorte que l’année a pris fin sur des taux d’intérêt au plus haut depuis la crise financière d’il y a quinze ans.

L’industrie, un secteur énergivore et beaucoup plus sensible aux variations des taux d’intérêt en raison de ses besoins élevés en capitaux, a sous-performé. Au-delà de l’inflation élevée et de la hausse des taux, cette déconvenue s’est révélée nettement plus handicapante pour l’espace économique européen que pour les États-Unis. En effet, la consommation, soutenue par l’épargne importante accumulée durant la pandémie, dope l’économie américaine. Pour 2023, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait une croissance économique de 2 % aux États-Unis et de 0,7 % dans la zone euro, en phase avec nos attentes. Des deux côtés de l’Atlantique, le taux de chômage est resté inférieur à la moyenne de long terme, en dépit des craintes de récession.

Les marchés des actions ont évolué positivement, malgré une politique monétaire toujours restrictive. Porté par les plus-values des technologiques, l’indice MSCI Monde a progressé de 11,9 % en francs suisses. Le Swiss Performance Index (SPI), au sein duquel la technologie est moins présente, a réalisé, lui, une avancée de 6,3 %. Les obligations suisses ont affiché un rendement exceptionnel en 2023, le Swiss Bond Index (SBI) s’envolant de 7,4 %, un résultat bien supérieur à celui des obligations mondiales.